Guide d'installation et de configuration de Linux | ||
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Bien que cela ne se situe pas au même niveau philosophique, la question de la motivation des auteurs de logiciel libres et, pour les entreprises, de leur financement, se pose également de manière récurrente. Il n'est en effet pas évident, en première analyse, de déterminer les raisons qui poussent un auteur ou une entreprise à rendre ainsi public son savoir-faire, au risque de se le faire tout simplement voler.
Pour ce qui est des auteurs bénévoles, la motivation provient généralement de l'amusement qu'ils ont à développer ces logiciels et à les partager avec la communauté du logiciel libre. Cette communauté, constituée de l'ensemble des auteurs et des utilisateurs des logiciels libres, leur apporte en général la reconnaissance, des rapports de bogues ou des idées d'amélioration de leur logiciel, des conseils ou même de l'aide sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas (traduction, nouvelles fonctionnalités, etc.).
De plus, en s'intégrant à la communauté du logiciel libre, les programmeurs amateurs peuvent également récupérer des bibliothèques de programme ou des morceaux complets d'autres programmes, et ainsi voir leur logiciel progresser plus vite. Certains peuvent même se distinguer des autres et se voir approcher par une entreprise pour un emploi sur le logiciel qui leur servait à l'origine de passe-temps ! Il est toujours plus agréable de travailler sur quelque chose qui nous plaît...
Les sociétés quant à elles peuvent financer le développement des logiciels libres qu'elles éditent ou auxquels elles contribuent de plusieurs manières. Quelques sociétés vivent de manière dérivée des logiciels libres qu'elles développent (par vente de produits dérivés, de contrat de support, ou de services complémentaires). C'est notamment le cas des sociétés qui éditent des distribution Linux et des sociétés de service en logiciel libre. D'autres sociétés proposent une double licence, constituée d'une licence libre telle que la GPL pour bénéficier des avantages des logiciels libres, et d'une licence propriétaire, permettant d'obtenir une rémunération de la part des clients qui ne veulent pas se plier aux exigences de la GPL (obligation de redistribution des sources en particulier).
Enfin, de nombreuses sociétés contribuent à des logiciels libres tout simplement parce qu'elles en ont besoin. Il est en effet souvent préférable d'adapter un logiciel libre qui satisfait ses besoins à 80% et de développer les 20% restants, quitte à redistribuer les modifications et améliorations qui y sont apportées, que de redévelopper l'intégralité d'un logiciel équivalent ou d'en financer le développement par une société tiers. Le coût total de développement d'une solution complètement propriétaire est en effet généralement beaucoup plus élevé. On voit bien que dans ce cas, les développeurs de logiciels libres sont avant tout leurs propres utilisateurs...
Cela dit, il faut être clair sur ce sujet : le logiciel libre rapporte moins que le logiciel propriétaire, tout simplement parce qu'il n'est pas question de monopole ici et qu'on ne peut pas pressurer le client aussi facilement qu'avec une offre logicielle fermée.
Comme on le voit, le logiciel libre est très loin d'être l'apanage de quelques fanatiques, et les mauvaises langues qui considèrent ce modèle économique comme du communisme n'ont assurément rien compris. Bien au contraire, il s'agit là de capitaliser les développement et de réduire les coûts, deux objectifs fondamentaux dans une économie de marché et très souvent mal appliqués à l'informatique ! Quant à ceux qui prétendent que les logiciels libres constituent une forme de dumping dans le domaine informatique, ils devraient plutôt analyser la pertinence de ce modèle économique et voir si, finalement, ce n'est pas tout simplement un modèle plus rentable sur le long terme que le modèle propriétaire. Il suffit de considérer le temps consacré, et le coût probablement pharaonique, du développement de Windows Vista, pour constater que le rapport qualité/prix est loin d'être reluisant, même par rapport son aîné Windows XP...
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