Le projet GNU et la Free Software Foundation

L'un des projets libres les plus importants est sans aucun doute le projet GNU. Ce projet a pour but de recréer un système Unix complet, mais qui, à la différence des autres systèmes Unix, serait un système libre. Pour rappeler cette différence, l'acronyme « GNU » a été choisi en référence à la phrase « GNU's Not Unix », ce qui signifie en français « GNU n'est pas Unix ».

Un système Unix, c'est un système d'exploitation qui appartient à une catégorie de systèmes d'exploitation dont le premier spécimen a été développé par des programmeurs, pour les programmeurs dans les laboratoires d'AT&T. En pratique, il s'agit d'un système puissant, fiable, robuste, logiquement construit, pérenne, mais hélas un peu difficile à utiliser pour un non-programmeur. Les systèmes Unix sont souvent utilisés sur les stations de travail et les gros ordinateurs, mais nettement moins sur les ordinateurs de particuliers. Ceci dit, c'est l'un des meilleurs systèmes au monde, même avec sa conception particulièrement ancienne.

Comme vous pouvez le constater, la définition de « GNU » est récursive, car elle utilise elle-même le terme « GNU ». La raison en est que ce genre d'acronyme est particulièrement apprécié dans la communauté du logiciel libre. Quant au choix de la lettre G au lieu d'une autre lettre (après tout, « KNU's Not Unix », fonctionnait également),  il provient sans doute du fait que la consonance du mot GNU rappelle l'animal gnou en anglais. Le logo du projet GNU est d'ailleurs une tête de gnou.

Pour développer le projet GNU sereinement, ainsi que pour le financer, une fondation a été crée. Il s'agit de la « Free Software Foundation » (FSF en abrégé). Ce n'est pas la seule organisation qui développe des logiciels libres, mais c'est certainement la plus importante de part l'étendue du projet GNU.

La FSF récolte des fonds (dons déductibles des impôts, en tout cas aux États-Unis) pour développer le projet GNU. Elle a également donné un cadre légal au projet GNU, en définissant la licence d'utilisation des programmes du projet GNU. Cette licence, nommé la GPL (abréviation de « General Public License »), garantit la liberté de chacun et les droits d'auteurs des programmeurs. Tous les programmes du projet GNU sont bien entendu distribués sous cette licence. La FSF a également défini d'autre licences pour les autres aspects du projets, comme la licence des librairies de programmes (la LGPL, abréviation de « Lesser General Public License »), et la licence des documentations (la FDL, abréviation de « Free Documentation License »).

Vous pourrez trouver des traductions de ces licences sur le site Web GNU, ou directement sur les sites http://www.linux-france.org/article/these/gpl.html et http://www.april.org/gnu/gpl_french.html pour la GPL et à l'adresse http://www.linux-france.org/article/these/licence/lgpl/lgpl_monoblock.html pour la LGPL. La traduction de la FDL en français n'étant pas couramment disponible, j'ai repris une traduction existante avec quelques amis, que vous pourrez trouver sur le site du Petit journal d'un Linuxien novice (plus si novice que cela).

En terme concis, la licence GPL vous donne tous les droits, sauf de rendre le logiciel propriétaire, de vous en approprier la paternité ou d'en récupérer une partie dans un logiciel non couvert par la GPL. La licence LGPL donne les mêmes droits que la licence GPL, mais est plus appropriée pour les librairies, puisqu'elle permet l'utilisation de code source soumis à la LGPL dans les programmes propriétaires ou non libres. Certains considèrent qu'il ne faut plus utiliser la LGPL, car elle facilite la vie des sociétés qui s'opposent au logiciel libre, mais personnellement, je considère que lorsqu'on donne des libertés, c'est pour tout le monde. Le choix entre les deux licences est donc purement stratégique. Enfin, la licence FDL est une adaptation de la licence GPL s'appliquant plus spécifiquement aux documentations libres, et qui garantit les droits des auteurs tout en donnant la liberté aux lecteurs de modifier et redistribuer les documents.

Sachez également que la licence GPL n'est pas la seule licence libre qui existe. D'autres programmes très importants sont distribués sous d'autres licences, qui sont tout aussi libres. Parmi ces licences, on citera la licence BSD (non Copyleft, et qui impose l'affichage d'une notice de Copyright pour chaque portion de code soumis à cette licence) et la licence X (similaire à la licence BSD, mais qui n'impose pas l'affichage de cette notice). Méfiez-vous, certaines licences sont qualifiées d'Open Source (ce qui signifie que les sources des programmes sont consultables), mais ne sont absolument pas libres (la consultation peut être soumise à une clause de non-divulgation, et vous ne pouvez généralement pas les modifier et, si vous le pouvez, pas dans des conditions qui garantissent l'utilisation de la version modifiée librement). Ces licences sont généralement utilisées par les sociétés qui désirent récupérer le travail des développeurs indépendants pour leurs propres produits.

Microsoft et d'autres sociétés peu scrupuleuses voient d'un mauvais œil ces licences, car elles ne leur permettent pas de récupérer le code ainsi licencié sans devoir redistribuer les modifications qu'elles y apportent ou les produits dans lesquels elles insèrent ce code. Ainsi, la licence GPL a été qualifiée de virale, de communiste, d'antiaméricaine, voire de terroriste, pour cette raison. Il est évident qu'il s'agit là de propagande de personnes qui cherchent à récupérer gratuitement le travail des développeurs du libre, sans tenir compte des droits d'auteurs sur lesquels ils appuient pourtant leur hégémonie. En un mot : il s'agit tout simplement de tentative de vol (et, pour certaines sociétés qui passent à l'acte, de vol qualifié).

Personnellement, je considère que les licences GPL/LGPL sont les plus raisonnables en pratique, car elles garantissent les libertés de chacun, en les limitant à la gêne des autres.

En conclusion, le projet GNU et la FSF ont pour vocation d'amener l'informatique à tout le monde, et de fournir à chacun la possibilité de l'exploiter comme il l'entend, librement et de manière indépendante des éditeurs de logiciels. En pratique, cela revient également à assurer la possibilité de satisfaire à coup sûr à ses besoins, pour peu que l'on en ait les moyens intellectuels, temporels et financiers. Et ce sans rien demander à personne.